Rencontre : Phuong Mai Nguyen, nouvelle résidente de la Villa San Francisco
Rencontre avec la réalisatrice d’animation Phuong Mai Nguyen en résidence à la Villa Albertine San Francisco pour la réalisation de In Waves.
Qui êtes-vous ?
Je travaille dans le cinéma d’animation. Raconter des histoires par le dessin et l’image animée a toujours été mon outil de prédilection.
Quand j’ai acheté la Bande Dessinée In Waves, j’ignorais de quoi ça parlait, je ne savais pas encore que cette histoire serait celle de mon premier film... « Une histoire d’amour sur fond de surf, en Californie », on m’avait dit. Je n’ai jamais vécu en Californie, le seul « surf » que je pratique, c’est internet, et les profondeurs de l’océan m’angoissent au plus haut point ! Mais au cours de ma lecture, j’ai été submergée par une émotion inattendue. AJ Dungo, l’auteur du livre, aborde avec délicatesse les thématiques universelles de l’amour, de l’amitié et du deuil. À travers son histoire autobiographique et intime, il réussit à faire ce que j’ai toujours considéré comme salvateur et nécessaire dans toutes formes d’art : guérir les cœurs brisés.
Cette histoire racontée avec pudeur et poésie m’a profondément touchée et m’a donné envie de la transmettre, en la portant à l’écran, en un long métrage d’animation.
Quel est votre projet ?
In Waves raconte l’histoire d’AJ Dungo avec Kristen et débute alors qu’ils sont adolescents, en Californie : une histoire d’amour absolu, d’amitié et de deuil, sur fond de surf et de skate, si puissante qu’elle en devient universelle. Cette histoire est racontée avec beaucoup de grâce tout en mêlant intimement le surf et la mer aux destins des personnages, et en faisant référence par petites touches aux origines hawaïennes du surf.
In Waves met en scène une histoire vraie. C’est pourquoi j’ai beaucoup échangé avec AJ Dungo, l’auteur de la BD et personnage central de l’histoire. Cet échange a nourri ma réflexion sur le projet et ajouté de l’authenticité aux personnages et aux décors du film. Pour cette adaptation en film d’animation, j’aimerais que les images nous plongent dans cette Amérique contemporaine, éclectique, électrique, multiculturelle. Je souhaite m’éloigner du graphisme épuré et monochrome de la BD pour mieux représenter l’ambiance pop et les lumières vibrantes de la côte Ouest américaine.
Certains passages du film révéleront les rituels du surf à Hawaï, avant la colonisation. Ces séquences ont pour but de nous immerger dans cette dimension spirituelle du surf, font références aux cycles de la vie, des vagues, de la nature, tout en faisant écho à l’histoire que vivent AJ et Kristen.
Où se déroulera votre résidence ?
J’envisage une résidence itinérante, en commençant par Los Angeles, puis San Francisco, Portland et Hawaï. Des rencontres avec des historiens, océanologues, shapers et musiciens rythmeront mon séjour.
Ce séjour le long de la côte Ouest me permettra de constituer une banque de références pour les décors de la ville, les lumières, les plages, les vagues, pour la fabrication du film. Je ferai un court trajet du train Coast Starlight pour expérimenter le roadtrip le long de la côte Ouest américaine, tel que les personnages l’ont fait dans le film pour capturer d’autres instants et paysages typiques du Sud au Nord.
Il sera également question de rencontrer :
- les personnes présentes dans l’histoire d’In Waves et de prendre des références des quartiers où ont vécu les protagonistes, ainsi que des lieux (skate-parks, écoles, etc.) et plages qu’ils ont fréquentés ;
- des experts des vagues, de la culture du surf californienne mais aussi de ses origines hawaïennes ;
- des ethnologues et historiens spécialisés dans l’art et les mœurs d’Hawaï au XIVe et XVe siècles qui pourront me guider dans la représentation des Hawaïens et leur culture, leurs rituels autour du surf ;
- des musiciens et chanteurs hawaïens pour enregistrer des chants et s’inspirer de la musique traditionnelle pour composer la musique originale du film.